Notre vision de l’esprit maker

Au-delà d’un effet de mode et/ou d’une option originale de quelques « geeks », il est important de comprendre que derrière les choix que fait un maker, il s’agit de mettre en œuvre des valeurs très précises ce qui entraîne l’émergence d’un modèle nouveau et original de développement technologique.

Remettre en cause ces valeurs ou les prendre en compte de façon marginale ou optionnelle (ou pire encore, en les décrédibilisant..), c’est ni plus ni moins remettre en cause le maker dans son être profond, c’est renier les fondements qui permettent l’existence du mouvement des fablabs et du DIY.

Logiciels libres : une condition du succès !

Un choix fondateur !

Notre expérience de plusieurs années en tant que maker nous a conduit à la conviction que les logiciels libres ne sont pas une option mais bien plus, il s’agit d’un choix fondateur ! En clair, renoncer à ce choix, c’est renoncer à l’essentiel des ressources que la communauté du logiciel libre, du DIY et des fablabs met à la disposition de tous et de chacun. Autrement dit, en n’utilisant pas les logiciels libres, on ne ferait pus grand chose en tant que maker… !

Une source d’économies !

D’un point de vue très concret, impossible de mettre en place une salle informatique avec plusieurs postes si il faut acheter les licences, payer les anti-virus, acheter des UC récentes : on préfère mettre notre argent dans des pièces mécaniques ou électroniques !

Seule solution qui garantit la reproductibilité par tous !

Mais d’un point de vue plus profond, le logiciel libre est le seul écosystème qui permet le partage de la connaissance sans barrière sociale, financière ou autre. Le logiciel libre est également la seule solution opérationnelle pour garantir la reproductibilité des solutions proposées. Avec le temps, l’usage des logiciels libres donne un sentiment de maîtrise de l’outil informatique qu’un système propriétaire ne donnera jamais : cela est indispensable dès lors que l’on conçoit des machines numériques pour pouvoir adapter les logiciels à ses besoins et non l’inverse.

Un choix aux impacts écologiques positifs réels !

C’est sans parler enfin de l’impact écologique : on ne compte plus le nombre d’unités centrales que nous avons récupérées, “bonnes pour la casse” et qui en fait étaient totalement opérationnelles et tournent parfaitement sous un système Gnu/Linux !! Loin des grands discours sur le développement durable par ceux-là mêmes qui changent d’ordinateur portable ou de tablette tous les ans, grâce aux logiciels libres, on épargne les ressources de la planète au quotidien très conrrètement !

Pas une simple option, mais une condition du succès !

Bref, les fablabs n’existeraient pas sans Arduino, Inkscape, Printrun, Slic3r pour ne citer que quelques exemples : on ne va pas renier ce qui permet notre existence !! Dans un fab’, le logiciel libre n’est pas une option, c’est une condition du succès !

 

Matériel opensource !

Assez naturellement et très logiquement, avec le temps, les concepts portés par le logiciel libre depuis les années 90 se sont progressivement diffusés vers le matériel qui à son tour est devenu libre, ou tout du moins ouvert. On parle alors de matériel openhardware. Ainsi sont nés la carte à microcontrôleur Arduino, les imprimantes RepRap, etc.

Réplicabilité et partage

Le caractère libre et ouvert d’un matériel entraîne 2 choses :

  • les solutions utilisées sont réplicables facilement
  • le partage des connaissances associées est viral, et très vite le plus grand nombre adopte un matériel qui répond à ses besoins.

Maîtrise technique

En ce qui nous concerne, nous avons fait le choix de n’utiliser et de ne proposer que des matériels soit standards (et donc répandus / faciles à trouver), soit “openhardware” : c’est en fait la seule façon d’avoir la maîtrise technologique des développements réalisés.

 

‘Do It Yourself’ et ‘Make It Yourself’ !

On peut se demander qu’est-ce qui peut bien pousser un certain nombre d’entre-nous à vouloir “faire soi-même” ce qui pourtant existe déjà tout fait ?! Pourquoi fabriquer soi-même sa cuisine, sa trottinette électrique ou sa régulation solaire… alors qu’il n’y a qu’à la commander sur internet ??

Le DIY fait grandir l’être plustôt que l’avoir

Orgueil déplacé, désir d’économie… ou bien envie d’apprendre, de progresser en compétence ou tout simplement savourer le plaisir (intense) d’avoir réussi à faire soi-même quelque chose que l’on jugeait plus ou moins inaccessible ? D’un point de vue plus philosophique, le DIY fait grandir l’être plutôt que l’avoir seul.

Pour nous, le DIY (Do It Yourself – “Fais-le toi-même!”) est au coeur de nos activités :

  • d’une part nous aimons çà : on ne se lasse pas de construire, concevoir, imaginer de nouvelles machines numériques, sorte de prolongement matériel de la pensée
  • et d’autre part les machines auto-construites / auto-conçues permettent d’aller encore plus loin par soi-même dans la réalisation d’objet encore plus variés et complexes faisant sauter la barrière des limites du possible.

L’objectif ultime : le « Make it Yourself »

Le DIY n’est cependant selon nous que la première étape vers le “Make It Yourself”, à savoir non plus le simple montage d’un kit déjà « tout fait », mais par soi-même réaliser la conception, la fabrication et la construction de machines numériques ou projets de toutes sortes : tel est notre objectif en tant que maker ! Et notre ambition est de mettre à disposition du plus grand nombre des solutions libres de fabrication numérique permettant à chacun d’en faire autant

Ré-appropriation technologique !

Les « boîtes noires » disparaissent

Opter pour les logiciels et matériels libres tout en étant dans une optique de DIY (Do It Yourself) entraîne une conséquence immédiate : la réappropriation technologique. Derrière ce mot barbare se cache en fait un concept très simple : les “boîtes noires” du quotidien disparaissent, les choses techniques ont à nouveau une explication et chacun peut en redevenir à nouveau le maître.

Adapter la technologie à ses vrais besoins

A l’heure où l’on se plaint de la délocalisation de nos industries et de nos savoirs-faire, les fablabs offrent l’opportunité à chacun de se ré-approprier la technologie et son usage. Très conrètement, le DIY couplé aux ressources libres permet de progresser dans la connaissance et la maîtrise de ses propres outils numériques à une vitesse inégalée comparativement aux systèmes fermés et propriétaires : les zones d’opacité disparaissent, l’adaptabilité à ses véritables besoins devient maximale, la créativité n’a de limite que l’imagination.

Le progrès est fait pour l’homme

En un mot, dans un monde où l’homme semble être dominé par une technologie qu’il ne comprend pas, la réappropriation technologique redonne à chacun le pouvoir : c’est le progrès qui est fait pour l’homme et non plus l’homme qui court après le progrès !

 

Low Tech !

Ou comment faire du “high-tech” avec des choses simples…

Corollaire assez naturel de l’usage des logiciels libres et du DIY : vouloir atteindre ses objectifs techniques sans compromis mais en utilisant des ressources peu énergivores, les plus polyvalentes possibles, ayant un impact environnemental limité. Il en découle la notion de low-tech. Autrement dit, faire du “high-tech” avec des choses simples, faciles à trouver, ayant peu d’impact au final sur les ressources.

Une imprimante 3D opensource est typique de cette approche : tige filetée, écrous, plaque métallique, résistance chauffante… rien de très sophistiqué en soi, et pourtant on arrive à des merveilles avec ces petites machines.

La simplicité est la sophistication suprême

Une bonne image de çà est le “solex” ou la 2 CV : malgré l’avènement des motos, des voitures en tous genre, le solex et la 2CV existent toujours, ont leurs clubs d’utilisateurs… En fait, il s’agit de solutions simples et efficaces qui font le job’… Avec les machines numériques, c’est pareil : l’important n’est pas le dernier cri, le “nec plus ultra” de tel ou tel composant (c’est souvent pas vrai…). L’important, c’est le résultat obtenu et la robustesse d’une machine : si elle fait le job tout en étant mécaniquement simple, alors pas la peine de la complexifier davantage !

“La simplicité est la sophistication suprême” (Léonard de Vinci) : tout est dit… et depuis un moment en plus !

Reproductibilité et partage des savoirs !

Refaire soi-même devient possible

Le progrès ne vaut que s’il est partagé par tous !” (Aristote) L’ensemble des choix présentés précédemment (utilisation de ressources libres, “faire soi-même”, solutions “low-tech”) est probablement la meilleure option à même de donner à chacun la possibilité de réaliser cette maxime du grand philosophe ! Je peux grâce au partage de la connaissance, des ressources numériques libres réaliser et reproduire moi-même tel ou tel projet qui m’intéresse.

Inventer ensemble

Bien plus, derrière tous ces choix, se dessine un impact social et sociétal bien réel : les autres ne sont plus des concurrents, mais des partenaires grâce à qui j’avance et j’apprends. Et moi-même je donne, j’apporte ma petite pierre à l’édifice en espérant qu’elle serve à d’autres.

C’est un véritable processus d’ingéniérie collective qui se met au final en place, une dynamique d’émulation collective et coopérative au service de tous.

Conclusion : Les valeurs du maker, à défendre chaque jour !

 

En pratique, ces valeurs sont tellement contraires ou opposées au modèle dominant technologique et économique qu’elles sont subtilement considérées comme peu importantes en soi, ce qui revient à les remettre en cause… quand elles ne sont pas tout simplement dénigrées ou déconsidérées comme étant une lubie de « geek ».

On peut tout à fait comprendre que le caractère novateur de ces idées ne soit pas compris de façon immédiate par le plus grand nombre, tant les modèles en place imprègnent les mentalités et tant les esprits sont formatés… mais il n’en reste pas moins que le maker a le droit d’exiger le respect de ces valeurs fondamentales, au moins pour lui-même et sa communauté, d’autant qu’il n’impose à personne de les adopter tant qu’il n’est pas lui-même empêché ou contraint de renoncer à les mettre en œuvre.

 

« Le concept est extraordinairement simple, mais les portes qu’il ouvre aussi bien pour l’industrie que les individus restent encore à découvrir (…) Vous pourrez être votre propre designer industriel plus vite que vous ne le pensez . »

« The concept is staggeringly simple, but the doors it will open for both industry and individuals are still undiscovered. (…) You might be your own industrial designer sooner than you think. »

http://www.mcgilldaily.com/2014/02/3d-printing-a-disruptive-technology/

Makersphère : mais où est le CREPP ????

La « makersphère »

Je profite d’un schéma trouvé au gré d’une errance cybernautique (… sur le web quoi…) pour nous aider à prendre conscience de la réalité multiple de la « makersphère ». On voit ici très clairement un certain nombre de réalités différentes qui s’englobent les unes les autres :

  • le mouvement « DIY », le plus large qui regroupe toutes les activités réalisées soi-même
  • le mouvement des « makers », lui-même inclus dans le mouvement DIY (et qui donc ne s’y résume pas…) et lui-même assez large dans ses formes : aussi bien des évènements, que des individus, des projets, des lieux
  • les makerspaces, qui représentent des lieux précis de « fabrication » eux-mêmes variés dans leur formes :
    • les fablabs : lieux de fabrication numérique équipés en machines
    • les hackerspaces : lieux de « hacking », ou « bidouillage » sous toutes ses formes
    • à part les bio-hackerspace, définis par leur thématique propre

 

Le CREPP : qui qu’on est où dis-donc ???

Le CREPP est à la fois :

  • un lieu physique, donc un makerspace
  • où l’on « hack »… le mardi soir toutes les semaines en l’occurence, donc un hackerspace
  • et où l’on « fab »-brique numériquement… un peu tout le temps en fait et où l’on peut trouver des postes informatiques et quelques machines à disposition, donc un fablab sur les bords…

 

Vous l’aurez compris, le CREPP est à l’intersection du fablab « pur et dur » et du « hackerspace ». Et voici ce que çà nous donne sur ce schéma que je m’empresse donc du coup de « hacker » :

 

 

On pourrait résumer tout çà en disant que le CREPP est un « Hack-Lab » ou encore un « Hack-fab » ! Ben voilà, tout s’éclaire là…